Découvrez comment le Dr. Emil Kendziorra prévoit de faire avancer le domaine de la cryopréservation humaine.
Un air de Jules Verne ? Il y a deux cents ans, la longévité moyenne des humains était de ≈40 ans. Il y a un siècle, elle était de 55. Aujourd'hui, elle est d'environ 80(1). Aujourd'hui, si un individu meurt à l'âge de 55 ans, cela est considéré comme une tragédie, et tout le monde s'accorde à dire qu'il est parti "trop jeune". En revanche, mourir à l'âge de 85 ans ou plus est jugé "normal" (sauf lorsque la famille ou les amis sont concernés). Cela ne devrait pas être le cas ! Dans des cas comme celui-ci, il est important de se rappeler que "normal" n'est pas synonyme de "bien". Bien que parfois corrélée, l'histoire nous a montré à maintes reprises à quel point elle ne l'est pas.
Pour ma part, mourir à 85 ans est et a toujours été tout aussi inacceptable que de mourir à un âge plus précoce. Changer cette réalité est ma motivation depuis mes 18 ans. J'ai poursuivi des études de médecine pour améliorer la longévité humaine. Mon objectif n'était pas seulement d'augmenter la durée de vie des personnes en bonne santé (c'est-à-dire qu'elles vivent et restent en bonne santé jusqu'à leur mort), mais aussi d'augmenter la durée de vie maximale tout en maintenant une qualité de vie optimale. L'objectif serait d'archiver ce que l'on appelle la "vélocité d'évasion de la longévité", c'est-à-dire que nous commencerions par prolonger la durée de vie de quelques années, puis pendant ces années supplémentaires, nous prolongerions la vie de quelques années supplémentaires, jusqu'à ce que finalement nous gagnions plus d'une année supplémentaire par an(2).
Après avoir obtenu mon doctorat en cancérologie, j'ai géré des entreprises technologiques à Berlin (avec un peu de crypto en parallèle) pour constituer un trésor de guerre. Bien que couronnées de succès, elles n'ont jamais été la passion de ma vie. J'ai toujours gardé un œil ouvert sur les opportunités dans l'espace de longévité qui correspondaient à mon ensemble de compétences. Maintenant, le temps est venu de faire ce changement et de s'impliquer à temps plein.
La sphère consacrée à la longévité a fait des progrès considérables au cours de la dernière décennie, se professionnalisant, attirant des fonds considérables et produisant les premiers résultats sérieusement probants. Mais malgré ces avancées réalisées ces dernières années, les progrès ne seront probablement pas rapides ou, plus précisément, pas assez rapides pour un grand nombre de personnes vivant aujourd'hui. Alors qu'un allongement significatif de la durée de vie semble être réalisable et peut être observé(3), l'allongement de la durée de vie maximale semble être nettement moins probable.
Bien que je ne puisse pas détailler ici tous les aspects, car cela dépasserait le cadre de ce texte, voici un bref résumé des arguments :
Finalement, il est important de noter que j'espère sincèrement avoir tort ! J'espère que dans 10 ou 20 ans, je devrai reconnaître que j'ai été trop pessimiste. Si la technologie permettant de prolonger la durée de vie devient une réalité, je serai heureux dans les deux cas. Mais malheureusement, je ne pense pas que ce sera le cas de sitôt.
Compte tenu de tout ce qui vient d'être dit, j'ai décidé de me consacrer à la seule alternative que je connaisse. Biostase, aussi appelée la cryopréservation.
Voici une brève présentation : La biostase (dans ce cas) est le concept de préservation du corps humain, en particulier du cerveau et de son connectome (c'est-à-dire la somme de toutes les connexions qui font que tu es toi) sans perte d'informations. En utilisant des températures très basses et des agentscryoprotecteurs spéciaux, on interrompt tous les processus de dégradation biologique ce qui permet la possibilité d'une réanimation dans le futur. Bien évidemment ceci sera possible quand une technologie suffisamment avancée sera disponible et à une époque où les maladies (considerées mortelles de nos jours) seront guérissables et où la durée de vie humaine s'allongera considérablement avec une qualité de vie élevée. Pour un exposé détaillé du concept et une implantation de la biostase, voir cet article de WaitButWhy(6).
Pour la majorité des gens, cela ressemble à de la science-fiction. Et par certaines définitions, c'est actuellement le cas. Mais il est important de considérer que 20 ou même 10 ans avant la toute première transplantation cardiaque, cela aurait également été considéré comme de la science-fiction. Aujourd'hui, il s'agit d'une procédure médicale courante que personne ne voudrait voir disparaître. En réalité, pendant la majeure partie de l'histoire, ce qui relève aujourd'hui de la science-fiction sera demain une science de pointe et le lendemain, une procédure courante et standard.
Alors en quoi la biostase est-elle plus probable que des avancées rapides dans la recherche sur la longévité ? Là encore, on pourrait longuement en discuter, mais cela dépasserait le cadre du présent article. Voici donc quelques arguments de poids :
J'ai deux principales motivations à cela : 1) Je veux nous voir bâtir un monde meilleur. Avec une durée de vie plus longue, nous serions incités à traiter les gens et le monde avec un état d'esprit plus pérenne. La stigmatisation de la vieillesse sera réduite. Et nous n'aurions plus jamais à dire définitivement au revoir à nos proches. 2) J'aime beaucoup vivre ! Je ne crois pas qu'il faille une "fin" pour donner de la valeur à la vie. Et pour être honnête, j'ai peur de la mort et de la non-existence. Les deux sont de puissants moteurs de motivation.
Pour finir, je donnerai tout ce que j'ai à donner pour résoudre ce problème !
La préservation et la réanimation fonctionnent actuellement dans certains organismes modèles tels que des lombrics(7). Bien que des centaines d'humains aient été préservés, aucun n'a encore été réanimé. En fait, la réanimation n'a pas encore été entreprise car il est évident qu'une technologie future plus avancée est nécessaire. D'une certaine manière, à l'heure actuelle, la biostase est un pari éclairé sur la technologie future - on l'a appelée "la meilleure des mauvaises options".
Comme évoqué, la conservation et la réanimation fonctionnent actuellement chez certains animaux témoins(8). Les organes individuels peuvent être préservés(9) et le connectome peut vraisemblablement être préservé(10). Bien qu'il s'agisse là de bonnes fondations et d'une "preuve de principe", des recherches beaucoup plus approfondies sont nécessaires !
Comme avec toute nouvelle technologie, il existe des problèmes fondamentaux de haut vol et des problèmes de détail. Par exemple : Comment préserver suffisamment bien le connectome ? Comment pouvons-nous réduire la toxicité du processus ? Comment la réanimation fonctionnera-t-elle en général et dans ses détails ? La bonne nouvelle est que, pour la préservation, les problèmes de haut niveau sont relativement bien compris. Pour la réanimation, des travaux plus profonds sont nécessaires (mais comme indiqué, le temps n'est pas un problème ici).
Il est très difficile de donner une réponse générale à cette question, car il s'agit d'un sujet très personnel. En ce qui me concerne, les réponses sont les suivantes : J'aime la vie. J'aimerais continuer à vivre le plus longtemps possible. J'ai peur de la mort.
Hélas, toute nouvelle technologie est relativement onéreuse au tout début. Actuellement, la plupart des gens financent leur contrat par le biais d'une assurance-vie à terme (environ 10 à 50 euros par mois, en fonction de l'âge et de la santé). D'autre part, les coûts de la biostase devraient baisser de manière significative à mesure que l'on passe à l'échelle (un certains nombre de patients). C'est l'une de mes plus grandes priorités de rendre la biostase abordable pour tous les budgets.
Bien que l'on puisse soutenir qu'à certaines échelles, ils le sont, je considère qu'il est extrêmement important de faire la chose qui te stimule intrinsèquement. Pour moi, c'est la biostase.
Pour ce qui est de 2020, il y a environ 3 000 personnes titulaires d'un contrat de biostase dans le monde, avec un taux de croissance très faible. Bien que j'espère que cela changera à l'avenir, même une augmentation de deux, trois ou même quatre ordres de grandeur ne conduira pas à une hausse pertinente dans un contexte plus large. Et si les prévisions actuelles de croissance démographique se vérifient, la population mondiale se stabilisera autour de 11 milliards d'habitants. Voir la synthèse de Pew Research(11).
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Liens et bibliographie: